Le marché du logement neuf en France traverse une crise profonde et durable. Malgré quelques signes timides de reprise début 2025, la situation reste très tendue, avec une offre historiquement faible, des coûts de construction élevés et des difficultés croissantes pour les ménages à accéder à la propriété. Voici un panorama complet de cette crise, ses causes, ses conséquences et les perspectives pour les mois à venir.

Un effondrement historique de l’offre

Le principal problème du marché du neuf en 2025 est la faiblesse de l’offre. Au premier trimestre, seulement 9 500 logements neufs ont été mis en vente, soit une chute de 36 % par rapport à l’an dernier et à peine un tiers du niveau de 2019. Le stock de logements disponibles à la vente est tombé à 76 000 unités, en baisse de 20 000 en un an, un niveau inédit depuis 20111. Cette pénurie concerne tout le territoire, y compris les grandes métropoles.

Les mises en chantier poursuivent leur baisse : 260 000 sont attendues pour 2025, après un creux historique de 250 000 en 2024, contre plus de 400 000 il y a dix ans2. Cette contraction touche particulièrement les maisons individuelles, mais aussi les appartements collectifs, dont les autorisations ont reculé de 12,3 % en 202434.

Des causes multiples et structurelles

La crise du logement neuf s’explique par plusieurs facteurs :

  • Hausse des taux d’intérêt : L’augmentation rapide des taux depuis 2022 a réduit la capacité d’emprunt des ménages et freiné la demande56.
  • Explosion des coûts de construction : Les prix des matériaux et du foncier restent élevés, impactant la rentabilité des promoteurs72.
  • Réglementation accrue : Les normes environnementales (RE2020) et les contraintes administratives rallongent les délais et augmentent les coûts572.
  • Retrait des investisseurs : La suppression du dispositif Pinel et la focalisation du prêt à taux zéro sur les zones tendues ont fait chuter l’investissement locatif, qui ne représente plus que 25 % des ventes hors bailleurs sociaux68.
  • Réticence des maires à délivrer des permis de construire, souvent pour des raisons politiques ou environnementales67.

Conséquences sur le marché et les prix

Malgré la chute de l’offre, les prix du neuf ne baissent pas significativement. En trois ans, ils n’ont progressé que de 1 %, bien en dessous de l’inflation, mais restent élevés, autour de 5 000 € le mètre carré en moyenne642. La pression sur les marges des promoteurs est forte : elles ne dépassent plus 5 à 6 %, seuil critique pour obtenir des financements bancaires2.

La demande, quant à elle, reste soutenue, notamment dans les grandes villes où la pénurie de logements est la plus criante. Mais l’accès au logement neuf devient de plus en plus difficile pour les ménages modestes, faute de dispositifs d’aide suffisants et de prix abordables62.

Signes de reprise et mesures gouvernementales

Après une année 2024 catastrophique, quelques signaux positifs émergent début 2025 : les réservations de logements neufs progressent légèrement (+6,4 % au dernier trimestre 2024), portées par une amélioration des conditions de financement et l’extension du prêt à taux zéro548. Les ventes aux propriétaires occupants repartent à la hausse, tandis que celles aux investisseurs continuent de chuter78.

Le gouvernement a pris conscience de l’ampleur de la crise. La loi de finances 2025 prévoit plusieurs mesures : extension du PTZ, exonération temporaire des donations pour l’achat d’un logement neuf, et aides aux maires bâtisseurs48. Ces annonces sont saluées par les professionnels, mais leur mise en œuvre concrète reste attendue.

Tableau : Évolution des principaux indicateurs du logement neuf

AnnéeMises en venteMises en chantierPrix moyen (€/m²)Part investisseurs
201928 500400 0004 50050 %
202219 000380 0004 80050 %
20249 500250 0005 00025 %
2025 (est.)9 500260 0005 00025 %

Sources : FPI, Adéquation, Observatoire BPCE, Actual Immo

Quelles perspectives pour la suite de 2025 ?

Si la crise du logement neuf reste profonde, les mesures récentes et la stabilisation des taux d’intérêt autour de 3 % pourraient permettre un léger rebond de l’activité648. Toutefois, sans une relance massive de l’offre et une simplification des procédures, la situation risque de rester tendue, avec des conséquences durables sur l’accès au logement et l’emploi dans la filière construction.

Le secteur attend donc des actes forts pour sortir de cette crise, relancer la construction et répondre aux besoins croissants des Français en matière de logement neuf.